Stéréogrammes : voir autrement

Les stéréogrammes sont des images qui donnent l’impression de relief si on les regarde d’une certaine façon. Vous pouvez aussi découvrir une image cachée en 3D. 
Amusants, addictifs. Ils génèrent des endorphines !

Essayez l’une de ces techniques :

1) Collez le nez contre l’image : cela vous oblige à défocaliser. Ensuite, éloignez lentement le stéréogramme tout en gardant le même regard. Sur un écran, c’est vous qui reculez.

2) Placez l’image à 30 cm environ et regardez dans le vide ou au travers ou encore regardez sans regarder comme dans les transports publics après une journée harassante.  

3) Mettez-vous debout. Tenez le stéréogramme à environ 30 cm et regardez vos pieds.

4) Sur écran, essayez cette quatrième technique. Placez une source de lumière de manière qu’elle se reflète sur l’écran (cela marche aussi avec un stéréogramme plastifié). Regardez le reflet de la lumière et l’image cachée devrait apparaître.

Regardez cette image en utilisant la première technique : Vous allez voir un troisième rond.

Continuez à vous éloigner de l’écran en le fixant.

A un moment, ce rond va vous apparaître en relief comme un tunnel à parois blanches.

Vous pouvez vous servir de ce stéréogramme pour améliorer votre vision. Cet exercice est utilisé en optométrie pour la vision binoculaire (les deux yeux travaillent ensemble)

Chaque œil a une vision légèrement différente.

Vous pouvez le vérifier en vous cachant un œil puis l’autre. Le cerveau fusionne ces deux images, créant ainsi du relief et permettant d’évaluer les distances (vision stéréoscopique). 
Dans un stéréogramme, ces deux images vont être reconstituées artificiellement, créant un effet de relief.

La vidéo suivante (3mn26) vous montre cet artifice :

Pour voir la profondeur dans ce stéréogramme, vos yeux traversent l’image en restant parallèles.

Dans le stéréogramme suivant de Shiro Nakayama, vous découvrirez un cœur.

D’abord, c’est fun ! Et c’est bon pour la vue : Une bonne vision requiert l’équilibre entre les deux yeux.
Les stéréogrammes améliorent la vision binoculaire. Les yeux sont parallèles comme si vous regardiez dans le lointain et en même temps, ces images stimulent la vision de près ce qui fait travailler les yeux de manière tout à fait intéressante.  

D’après Magic eyes, une société américaine qui a beaucoup contribué à la diffusion des stéréogrammes, voici quelques-uns de leurs effets :

●   Ils soulagent les yeux quand on travaille à l’ordinateur
●   Ils favorisent l’apprentissage accéléré et la lecture rapide
●   Ils améliorent les performances sportives
●   Ils réduisent le stress et calme le mental
●   Ils développent l’intuition 

    http://magiceye.com/magiceyes.com

Avoir un livre de stéréogrammes près de son bureau est une excellente option.  

Les yeux des animaux se placent : 

●.  sur le devant de la tête : Dans ce cas, leur vision est binoculaire et stéréoscopique mais leur champ de vision est réduit : 
ex. les aigles, les loups, les serpents

●.  sur les côtés de la tête : leur champ visuel est agrandi. Leurs yeux fonctionnent indépendamment l’un de l’autre ce qui leur confère un champ visuel de 360°.
ex : lapins, buffles ou antilopes


Certains animaux allient les deux configurations : l’étourneau a les yeux sur le côté mais grâce à des muscles spécifiques, il peut les ramener vers l’avant et voir en vision binoculaire.
Quant au caméléon, ses yeux peuvent se mouvoir indépendamment et fabriquent deux images distinctes. Lorsqu’il se concentre sur une proie, il retrouve une vision binoculaire.

Sans être une règle absolue, les animaux prédateurs ont le plus souvent les yeux devant : la vision binoculaire leur permet de voir leur proie et d’apprécier les distances L’animal chassé a davantage besoin de sa vision périphérique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vision_binoculaire - cite_note-Le_Men-3

On peut faire un parallèle intéressant avec les arts martiaux : Un conseil récurrent est d’ouvrir sa vision et de développer une sensibilité à ce qui est derrière soi pour ne pas se laisser surprendre. A l’inverse, une personne menacée par une arme, rétrécit son champ de vision jusqu’à ne plus voir que le canon du révolver et perd, de ce fait, toutes possibilités de fuite.

Les stéréogrammes favorisent un mode d’attention particulier : l’open focus. 

Les Fehmi et Jim Robbins, auteurs de La pleine conscience (titre original The open focus brain) distinguent quatre formes d’attention :

●  L’attention sélective se porte sur un champ d’expérience limité qui exclut la vision périphérique. Le champ de vision est rétréci.  (narrow focus)
ex : Je réponds à un mail : mon attention se porte sur l’écran (ou le clavier).

●  L’attention diffuse est ouverte. Elle se partage entre les stimulis extérieurs et intérieurs. La vision est panoramique.
ex : le vigile à l’entrée d’un magasin

●  L’attention objective évalue : le sujet se distancie de l’objet. Il juge et cherche à contrôler.
Ex : je suis les explications du formateur, je les évalue, je les juge

●  L’attention absorbée (immersed) fait fusionner sujet et objet. C’est un état où l’on perd conscience de son corps et de son environnement.
Ex : je suis absorbée dans un roman qui me passionne. Je m’identifie au personnage principal et je n’ai plus conscience du monde extérieur.


Pour Les Fehmi, il est possible de concilier attention sélective et attention diffuse, d’avoir conscience de l’objet sur lequel nous nous concentrons tout en gardant conscience de tout le reste. 
Vous vous rappelez que les stéréogrammes font travailler simultanément la vision de loin et la vision de près. Pour voir la 3D ou l’objet caché, nous adoptons la vision au loin alors que l’objet est proche. C’est un très bon moyen de se mettre en open focus, d’apprendre à faire coexister deux formes d’attention, d’être plus présent au monde.

Dans les stages de Photolecture, les stéréogrammes font partie du décor. Fixés au mur avec du scotch de peintre, ils passent de main en main dès que le formateur a expliqué comment photolire et c’est toujours divertissant de voir l’enthousiasme qu’ils suscitent (ou la frustration !). L’effet de groupe, le brouhaha ambiant ont vite raison des résistances et les derniers à voir l’image cachée rejoignent le chorus.

Outre le fun et la relaxation, ces stéréogrammes nous enseignent à regarder autrement. Pour l’étape 3 de la méthode de Paul Scheele, on adopte une vision défocalisée : l’objet livre ou document se trouve devant nos yeux mais nous maintenons la vision périphérique. Notre objectif n’est plus de voir les mots mais un ensemble de signes sur une page blanche, au sein de notre environnement. Comme pour le stéréogramme, l’objet est devant nous et notre vision part au loin.

Ce type de vision est connu des artistes. Un peintre l’adopte pour regarder la toile qu’il vient de terminer. Betty Edwards, auteure de Dessiner grâce au cerveau droit, vous apprend à dessiner en 5 jours :  en modifiant votre regard. Telle est la puissance de cette forme d’attention !